Ma vie de charbonnier à Paris

Jean Séguis

 

CAFE- BOIS- CHARBON 

 

       Mr :

 

        Tel :

 

 

 

Cette enseigne, complétée par un nom et un numéro de téléphone, pouvait être aperçue dans tous les arrondissements, dans des centaines des rues à Paris. Elle indiquait que se trouvait là un commerçant à la fois bistrot et ravitailleur en combustibles, populairement dit , c’était : le bougnat. Mais qui étaient-ils donc ces bougnats ?

C’était d’abord  de braves auvergnats. Un très grand nombre était originaire du bas Cantal, de la Lozère, du Nord Aveyron . Donc auvergnats, mais d’une Auvergne à la fois agrandie et diminuée mais pourquoi et comment étaient-ils là ? Bien souvent des jeunes, service militaire accompli, quittaient la maison familiale où leurs parents pouvaient facilement faire le plus grand travail de l’hiver : soigner le bétail.

Alors les libérés montaient à Paris, asssurés qu’ils étaient de trouver un emploi dans le charbon : garçon bougnat quoi ! Une bonne école pour apprendre le métier.

Au printemps ils revenaient au pays, certains pour aider les parents aux grands travaux de l’été, certains autres se louaient et partaient le 25 mai à la saint Urbain, travailler dans un buron, sur les Monts d’Aubrac.

Ah ! les grands espaces, le bon air, le silence ! quel changement avec Paris ! l’automne venait, les uns et les autres à nouveau « allaient au charbon » et au printemps…Ce va-et-vient pouvait durer quelques années, puis un beau jour, ayant découvert l’âme-sœur, ils se mariaient.

 

C’était alors le départ à deux pour la grande aventure de leur vie à Paris. On peut se poser une question : ces jeunes mariés, et ils étaient nombreux, partaient-ils de bon cœur et avec enthousiasme ? certains étaient convaincus qu’ils pouvaient faire un métier plus lucratif que celui de paysan. Ils avaient l’exemple d’anciens revenus au pays, fortune , plus ou moins grande, faite. On disait de ceux-ci qu’ils avaient « bien réussi » mais pour d’autres, le départ n’était qu’une obligation. Tout jeune, l’école terminée, ils avaient travaillé avec leurs parents à la ferme, avaient appris à bien faire le métier d’agriculteur. Et ce métier , ils l’aimaient, comme ils aimaient le cadre de vie dans lequel ils l’exerçaient. Alors pourquoi ne pas désirer créer et élever une famille avec les mêmes conditions de vie ? A cette époque , les famillles étaient nombreuses, il était nécessaire que certains partent. Alors ils partaient….

 

Arrivés à Paris, il fallait en premier trouver un logement, puis assez vite prendre un commerce : un café-charbon, bien sûr. Heureusement, ces nouveaux arrivés étaient bien accueillis  par les anciens de leur famille, leurs patrons d’hier ou amis du pays bien établis. Ceux-ci leur indiquaient des maisons dont le propriétaire était vendeur, s’engageaient parfois à leur accorder un prêt d’argent. une grande solidarité était de mise entre gens du pays. Accompagnés par l’un de ces parents ou amis, ils visitaient plusieurs de ces maisons, interrogeaient les vendeurs. Ceux-ci annonçaient le tonnage annuel de charbon, la recette journalière du café, le prix demandé. Après  reflexion et forces hésitations, on se décidait. Un accord était conclu, un compromis avec date de prise de possession signé.

 

Pour nous Juliette et moi, notre mariage célébré à Cantoin le 17 aout 1950, dès le mois de septembre  soit un mois plus tard, nous partions à Paris. La date de prise de possession de notre bougnat fut le 3 août 1951 soit un an après.

 

A cette époque qui était celle de l’après-guerre, il était assez difficile de trouver à se loger. Peu avant notre départ, et alors qu’on ne s’était pas soucié de ce problème, le prêt d’un logement  nous fut offert par Mr et Mme Séguis, qui en ces temps-là habitaient Lieutadès. Ces braves gens  étaint des cousins à Juliette et peut-être aussi à moi, mais sans qu’on connaisse bien le lien généalogique, peut-être qu’avec quelques recherches, on pourrait aujourd’hui l’apprendre, mais…

Le plus beau de cette histoire, c’est qu’ à la foire du 29 août à Lacalm, ce Monsieur Séguis chercha à me rencontrer sans y parvenir, afin de me proposer, et cela à titre gratuit, ce deux- pièces. Quoi qu’il en soit, on finit par se rencontrer et la clé nous fut confiée. C’était pour nous une grand chance.

 

Et c’est ainsi que nous avons habités au 42bis rue Marx Dormoy pendant près d’un an, avec comme voisin de palier, Mr et Mme Cadars.

Il nous fallait aussi trouver du travail, afin, comme on dit de « faire bouillir la marmite ». Notre cousin Jean Delpau tenait un café Boulevard St Michel, m’indiqua une place de garçon bougnat tout près de chez lui, rue de la Harpe. Je pris cette place mais n’y restai que quelques mois, mon patron ayant vendu son affaire, le nouveau propriétaire jeune comme moi n’avait pas  besoin de commis. Le cousin me proposa alors d’aller tenir un étal devant un autre Café rue de Lévis, et le gérant du Café était Georges Bès, un autre cousin.

 

A cette époque et peut-être encore de nos jours, je ne sais, la vente de produits exotiques était autorisée aux terrasses  de café et cela dans les rues à marché. Accord conclu, nous voilà installés vendeurs de bananes, oranges, citrons, pamplemousse et cacahuètes…

On s’habitue à tout, et donc on s’habitua très vite à notre nouveau métier.

 

Le matin de bonne heure, je partais avec la bicyclette, prêtée par Albert Poulhès, mon beau-frère, aux Halles. Là, j’achetai le nécessaire pour répprovisionner notre petit commerce. Mes achats faits, j’allais chez un loueur de chariots et prenai un diable avec lequel j’allais retirer mes « emplettes et les amenais à un transporteur qui nous les livraient peu après sur le trottoir devant notre étal. Avec ma bicyclette, je quittais les Halles pour la rue de Levis. Je faisais l’installation, mettais en place les fruits, la balance, affichais les prix. La vente pouvait commencer. Vers 9h, Juliette venait me rejoindre par le métro, m’apportant un casse-croute, elle était la bienvenue et le casse-croute aussi. Peu après elle repartait préparer notre repas que nous prenions vers 12h30. A 16h, la vente reprenait. On poursuivit ce petit commerce 6-7 mois jusqu’à l’approche de la date du 3 aout1951.

 

Ce jour-là est celui de notre installation, rue du Cardinal Mercier. Nos prédecesseurs, Mr et Mme

Hibert, fort aimablement restèrent avec nous quelques jours pour nous mettre au courant des habitudes de la maison et nous présenter les clients.

Le mois d’août étant un mois de vacances, ceux-ci étaient peu nombreux. L’intégration se fit en douceur. Juliette se mit en service au comptoir. Elle devait faire ce travail durant 12 années (1951-1963), seule durant les 4 ou 5 premières années.

Elle fut ensuite bien secondée par de bonnes serveuses. Tour à tour, Hélène Andrieu, Angèle Poulhès, Marinette Gondal.

 

Ces aides étaient non seulement précieuses, mais indispensables, d’autant qu’en 1955, nous prenions avec nous, nos 2 filles aînées, Bernadette et Geneviève jusqu’alors en nourrice chez tante Hélène aux Capelles de Cantoin.

 

Même bien aidée, Juliette avait fort à faire. Pour le charbon, elle devait recevoir les clients, enregistrer les commandes, répondre au téléphone. Elle faisait aussi la cuisine, les repas étaient pris en quatre services. La serveuse mangeait la première à 11h30, de manière à être au comptoir avec Juliette pour le « coup de feu » de midi, apéritif, café…à midi et quart, le repas des filles, puis vers 13h, celui des bougnats. A 14h, le calme revenait, Juliette pouvait manger à son tour.

 

Elle s’occupait des filles, toilette, repas, accompagnement à l’école. Nous étions logés dans 2 chambres modestes au 6ème étage. Dans la journée, dès qu’elle avait un peu de temps libre, elle grimpait l’escalier et allait faire les lits, un peu de ménage, ou entretenir le linge.

En 1957, nous réalisons des travaux pour agrandir le café au dépend d’une pièce jusqu’alors réservée au charbon. Cette transformation faite , nous voilà installés dans un « beau Café », et nous décidons de changer l’enseigne,  « Au royal bougnat » devient donc le « Au petit Cardinal »…

Comme dans tout Café, la clientèle était très diverse : employés de bureau, ouvrier, habitants du quartier, clients de passage. Parfois des personnalités connues, des artistes : Johnny Hallidays, les Brasseurs père et fils, John William. Un jour, j’étais seul et je servis Petula Clark accompagnée de 2 ou 3 personnes. En quitttant le café, cette grande chanteuse s’arrêta sur le pas de la porte, leva un bras, fit un moulinet avec ses doigts et s’écria en me regardant : « et vive l’Auvergne ! ». Edouard Leclerc, un temps, locataire dans cette même  rue, fut aussi notre client. Tout en dégustant un café, il dit un jour à Juliette : « je vais avoir aujourd’hui une réponse officielle, si ellle est favorable, je vais créer une chaine alimentaire ». La réponse du être favorable puisque la chaine fut belle et bien créée et est dirrigée aujourd’hui par son fils Michel. Souvent nous avions des clients beaucoup plus modestes et parfois même bien malheureux dans leur vie.

 

Le dimanche, la Maison était fermée, un rideau tiré sur la devanture, nous préservait des regards pouvant venir de l’extérieur. le café devenait notre pièce de séjour et ma foi, on s’y trouvait bien. Toute la famille appréciait bien cette journée de calme, de repos.

Le matin, nous allions à la messe à l‘église de la Trinité, puis nous faisions quelques courses au marché de la rue Lepic. A midi, nous prenions le repas tous ensemble, un seul service, puis l’après-midi, s’il faisait beau, nous allions faire une promenade ou rendre visite à la famille.

 

Le lundi matin, tout le monde reprenait le travail comme moi et notre commis Jean Vaysset. Ce dernier allait  travailler avec nous, toute notre période « charbonnière » jusqu’en 1976. Il avait travaillé 2 ans avant nous avec notre prédecesseur Mr Hibert. Ce fut une grande chance de l’avoir avec nous, car à notre arrivée, il connaissait tous les clients, leurs habitudes, les rues du quartier.

 

Le dépôt de charbon était en gare de la Chapelle-charbon. Nous étions locataires de la SNCF pour 400-500m² en bordure de la voie ferrée par laquelle arrivaient les wagons, charges de 20-25 tonnes. Au début, nous les déchargions avec des brouettes. Plus tard, nous nous sommes équipés de tapis élévateurs. Ce dépôt était divisé en 12 cases, chacune recevait une variété ou un calibre de charbon différent. Sur la moitié de cette surface s’élevait un hangar fait de poutres en bois et planches, couvert de toles plus ou moins rouillées. Toute la surface de la gare était ainsi lottie et partiellement construite pour environ 80 locataires. Chacun ayant un ou plusieurs commis, cela faisait une population d’au moins 200 hommes, tous aussi noirs de poussière de charbon les uns que les autres. Ces hommes dans cet espace faisait un ensemble assez pittoresque.

 

La SNCF désirant récupérer tout son terrain en vue de construction d’immeubles, vint un jour, en la personne d’un de ses responsables, le présenter à ces promoteurs ou architectes. L’un de ces messieurs, bien costumé, bien cravaté, déclara à haute voix : « il faut détruire ce village de nègres ! ! ! » Cela fut entendu par un bougnat qui bien sûr le répéta… cela produit dans le dit village, une vague de protestations indignées et même coléreuses.

 

Dans les années qui suivirent, le village, comme Carthage, fut détruit. C’est là que le matin, tout au début de la journée, nous allions remplir les sacs, les peser, les charger sur le camion et de là nous partions en livraison. Les rues étant plus souvent fort encombrées, avoir une place pour se garer devant la porte des clients n’était pas évident. Rester en double file, c’était courir le risque de provoquer un accident ou d’avoir des ennuis avec la police. « Faites vite ! » nous disaient les agents en général assez compréhensifs, et nous, nous faisions le plus vite possible. Les sacs de 50kgs étaient le plus souvent livrés en étages parfois jusqu’au 6ème par l’escalier de service souvent très étroit, mais parfois vidés en cave.

 

Le métier était dur physiquement, il fallait être jeune, costaud et volontaire. Si certaines journées étaient calmes en raison de la température douce, aux périodes de grand froid, il était difficile de faire face à la demande. Tous les bougnats en activité en hiver 1956 ont gardé longtemps en mémoire ce que fit pour eux, le thermomètre, ce mois de février à Paris où durant les 29 jours (année bissextile), il marquait souvent –14° à -16°C. Malgré leur bonne volonté, leur courage, ils ne purent satisfaire, comme ils auraient aimé le faire, leurs clients. Et je pense que c’est dès cette période que commença le déclin du charbon comme moyen de chauffage au profit du gaz ou de l’électricité. Ce déclin s’accentua d’année en année, et aujourd’huiil ne reste plus aucune enseigne de ce type dans tout Paris sauf par fantaisie de souvenir.

Malgré tout, on l’aime bien notre métier. Le grand problème était le logement pour la famille, nous avions maintenant 4 filles : Catherine née en 1957, Isabelle née en 1961, il fallait changer, partir ailleurs. Pour ma part, je rêvais d’un chantier de charbon en banlieue, plutôt que d’un Café, même assorti d’un grand  logement, je n’ai jamais beaucoup aimé le bistrot.

 

En 1963 un représentant nous faisait visiter un de ces chantiers mis en vente. Tout de suite, nous fûmes interessés : 2500m² de terrain sur lequel un pavillon, de construction assez modeste, mais suffisamment grand pour notre famille, un petit jardin d’agrément ; un garage pour une voiture. Et bien sûr de quoi entreposer beaucoup de charbon. Le tonnage annuel annoncé était de 2200 tonnes de charbon et 1000m3 de mazout. Cela se trouvait au centre du Raincy, proche  de l’église, de la mairie, près d’un grand lycée et dans une rue  des plus tranquilles. Cela nous plaisait , on acheta et prîmes possession des lieux le 17 avril 1963.

Avant cette date, il fallait trouver un remplaçant pour « le petit Cardinal ». Pressentie, ma sœur Jeanne fut interressée et devint la nouvelle « patronne du café ». Pour ce qui est des clients de charbon elle s’engageait à prendre leur commande et à nous la faire parvenir. C’est ainsi qu’on put continuer à livrer notre clientèle parisienne et aussi à grimper quelques étages, car au Raincy, tout le charbon était livré en cave ou au rez-de –chaussée.

 

Le 17 avril, nous quittions la rue du Cardinal Mercier et sans transition débarquions au Raincy. Un voisin de chantrier à la Chapelle, bougnat, mais aussi transporteur, vint faire notre déménagement. Une fois installés, ce fut pour nous un très grand changement. D’abord, nous étions bien logés. Le soir, le portail fermé, nous étions bien tranquille chez nous. Les dimanche et lundis , la Maison était fermée, le lundi n’était pas jour de repos pour autant, le matin, nous faisions la plus grosse partie des livraisons sur Paris.

Les wagons de charbons nous arrivaient en gare du Raincy, très proches, à un kilomètre. Généralement, j’assurais la livraison de mazout  « T….» était notre fournisseur. Les 2 commis de notre prédécesseurs restèrent avec nous mais ils ne mangeaient pas avec nous à midi, et étaient en repos le lundi, seul Jean Vaysset et le commis embauché pour l’hiver, jeune du pays, prenaient leurs repas avec nous. Jean Barrié de st Symphorien, Marcel Viguier de Cantoin ont travaillé pluiseurs hivers avec nous. Marie Séguis, ma tante dite  « Marinou » venait passer l’hiver avec nous et aidait bien Juliette à la cuisine et pour les courses, Juliette assurait la réception des clients, enregistrait leurs commandes, faisait la facturation et toute la comptabilité  de notre commerce.

Nous gardons un très bon souvenir de notre vie au Raincy, et nous ne l’aurions pas quitté pour une autre rue ou une ville voisine. Nous ne l’avons quitté que pour revenir à Cantoin.

 

Cantoin, tous les ans, nous descendions passer le mois d‘août pour les vacances. Les premières années, nous faisions le voyage  aller-retour, avec le camion de livraison de charbons car nous n’avions pas de voiture, ce n’était pas très confortable mais cela avait l’avantage de disposer d’assez de place pour les baggages. Au retour, en plus des valises, on remontait des victuailles du pays, fourme de fromage, jambon, … le voyage retour sur Paris se faisait le dernier jour, 30 ou 31 août, moins joyeusement que l’aller vers Cantoin. On disait aurevoir aux parents que l’on voyait vieillir d’année en année. Eux et nous étions bien tristes… « al revere ! a l’an qué bé ! » on repartait pour un an, la route du retour passait par le pont de Tréboul, Neussargues, Massiac …. avant Ste Marie, première halte du voyage, la route surplombe le lac de Sarrans, ce qui donne un point de vue magnifique, on cueillait un peu de bruyère fleurie, et ce bouquet dans un vase adapté, nous rappelait le pays, et durait toute l’année.

Le 1er septembre, on ouvrait le portail, les commis arrivaient, les clients aussi, et « c’était reparti ». On se permettait  une petite escapade au pays dans l’année, Juliette et les filles aux vacances de Pâques, moi-même vers le 11novembre pour venir chercher Marinou et encore bon nombre de victuailles, conserves, confitures…

 

Notre activité charbonnière a duré exactement 25 ans (aout1951-octobre 1976) avec bien des souvenirs faits à la fois de satisfactions, de soucis, de regrets aussi bien sûr…

Satisfactions d’avoir eu pour travailler avec nous de très bons employés, serveuses au café, commis au charbon, tous aussi irréprochables. Une mention spéciale pour Jean Vaysset dit « Vaysset » tout court, avec nous du 1er au dernier jour, soit 25 ans, travailleur, honnête, motivé, soigneux pour le matériel.

 

Les soucis, tout au début, lors des premières années pour nous approvisionner, recevoir du charbon, dans les années difficiles qui suivirent la guerre, les mines n’avaient pas retrouvées leur pleine production. Les fournisseurs assuraient une certaine répartition, mais souvent plus favorables aux anciens qu’aux nouveaux installés. Puis dans les années 60, le tonnage du charbon diminuait et une forte concurence par les prix s’installait avec le mazout, comment devrions faire évoluer notre activité ?…

 

Le regret très grand de n’avoir vu grandir nos enfants dans leurs premières années, d’avoir dû les placer en nourrice au pays et cela jusqu’à ce qu’elles soient en âge d’aller à l’école maternelle.

 

La vie des charbonniers étaient assez semblables pour tous. Tous travaillaient durement, le travail était très physique, les journées longues, les vacances une fois l’an, ils gagnaient assez bien leur vie. Mais pour eux comme pour tous, les années passaient et devenaient pesantes. Le bougnat souffrait de « mal au dos » à force de remuer et porter les sacs. La bougnate avait mal aux jambes, pour être restée debout derrière le comptoir. Il fallait donc prendre la décision, celle de vendre…, abandonner le commerce…oui mais ensuite ? que faire ? plusieurs possiblités étaient alors étudiées :

-acheter un grand café,  parfois avec débit de tabac, cela représentait une belle promotion…

-acheter un logement dans Paris ou en banlieue , aménager une maison en Auvergne pour y passer la belle saison d’été.  Ceux-là avaient été conquis par Paris…ils étaient devenus des « parisiens ».

-pour d’autres enfin, c’était le retour en Auvergne ou en Rouergue, retrouver le village de leur enfance, de leur jeunesse, où ils avaient grandi, dont ils gardaient de bons souvenirs.

 

Mais comme leur disaient les anciens :

« viro qué viroras

a toun païs toutjours tournoras… »

 

Au pays, une vie plus tranquille les attendaient sans rapport avec ce qu’ils avaient vécu à Paris. Parfois, ils reprenaient la ferme laissée par leur parents ou en achetaient une. Ou plus simplement avaient un petit jardin, de la volaille, des poules et des lapins…ou encore…

 

Durant leur vie à Paris, ils avaient sans doute fredonner la belle chanson « les fiancés d’Auvergne »

Et alors leur vie en était au quatrième quatrain :

« Nous pourrions (devrions) rester ici

peut-être jusqu’au jour

d’aller finir notre vie

en Auvergne jolie

ou naquit notre amour …»