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N°91 –
OCTCBRE 1948 |
Jésus ! MARIE ! Joseph !
Mon Jésus, miséricorde ! Doux
Cœur de Marie, soyez mon salut!
MES BIEN CHERES SOEURS,
Le premier jour d’octobre, premier
vendredi du mois, les saints Cœur de Jésus et de Marie accueillaient au séjour
des bienheureux l’âme de notre chère Sœur Victoire-Marie Poulhès, née à
Cantoin et décédée a Paraïba (Brésil), à l’âge de soixante-seize ans dont
cinquante-deux de profession.
Si l’on excepte un séjour de
quatorze ans à Tocane et un second, durant la Grande Guerre, à la Croix-Rouge
de Villefranche, sa vie religieuse s’est écoulée tout entière au Brèsil; à
l’Hospice de Maceio durant deux ans et à l’Hôpital de Paraïba durant trente
quatre ans. Pendant cette longue période, ses supérieures et ses compagnes ont
pu à loisir bénéficier de son dévouement et s’édifier de ses exemples.
Son dévouement fut,
littéralement, inlassable. Chargée de l'office de la dépense dans cet Etablissement
qui compte environ deux cents hospitalisés, elle devait assurer les
approvisionnements de la Maison et leur intelligente distribution dans les
divers services. Elle s'acquitta de ses fonctions avec une exactitude, une
conscience, une dextérité qui lui méritèrent la confiance et 1a vénération de
tout le personnel: administrateurs, docteurs, infirmiers et domestiques.
Jusqu’à l’extrême limite de ses forces, notre chère Sœur demeura sur la brèche.
Dieu sait pourtant de quelles souffrances s’accompagnait, durant ses dernières
années surtout, le moindre de ses mouvements, toute déviée qu’elle était par de
douloureux rhumatismes. Mais, pour Dieu et pour l’Institut, pouvait-elle être
trop active et trop généreuse ?
Plus encore que son labeur, notre
chère Sœur donna à sa Communauté de saints exemples : « Elle incarnait
en e11e, nous écrit sa supérieure, une vie de sacrifice, d’abnégation,
d’humilité, de charité, de fidélité à tous nos exercices de règle et Notre
Bienheureuse Mère aura bien reconnu en e11e une de ses filles ». Ce
témoignage se passerait de commentaires... Cette véritable fille de la Mère
Emilie appartenait à lignée de ces âmes vraiment religieuses qui ont compris
l'excellence de leur vocation et qui,
humblement et sincèrement, bénissent le Seigneur de leur avoir fait une place dans sa Maison. Qui nous dira à quel degré elle porta la pratique du renoncement, de l’obéissance, de la pauvreté, de la régularité ! S’accorda-t-elle jamais la plus légère satisfaction ? N’avait-elle pas résolu plutôt, à l'imitation de notre sainte Fondatrice, de ne jamais céder à une inclination naturelle ?... Pour elle, sans exception, ce qu’il y avait de moindre dans la nourriture, le vestiaire, les divers objets à l’usage commun et cela bien plus pour réaliser la perfection de la pauvreté que par simple esprit d’économie.
Et cette austérité de vie
s’alliait avec une délicate charité qui, non seulement excluait toute parole
désagréable mais s’ingéniait à rendre service à son entourage sans nulle
acception de personne. De nos premières Sœurs, elle avait encore cette
politesse exquise, cette amabilité souriante qui gagnent le cœur de tous et
font aimer la religion et la vertu; envers les employés de la Maison en
particulier, elle ne se départait
jamais d’une condescendance de bon aloi, d'un accueil et d’un ton de voix
bienveillants et modestes. Dans tous les milieux où elle se trouva, du reste,
elle apporta ce sens des convenances, cet à propos, cet amour de la
Congrégation qui a le souci de sauvegarder toujours son honneur et de lui
attirer estime et sympathie.
Notre sainte Règle et son amour pour Notre-Seigneur dirigeaient ses pas fréquemment vers le saint Tabernacle. C’est là qu’elle trouvait l’énergie nécessaire pour supporter ses dures souffrances et aussi le courage d’adorer en silence les desseins d’amour de Celui qui se plait à voir ses amis les plus chers vivre de foi pure en pratiquant les exercices d’une haute vertu.
Une chute, survenue il y a deux
mois, immobilisa ses membres. L’inaction forcée et ses souffrances
rhumatismales lui furent extrêmement pénibles. En septembre, progressivement,
ses dernières forces l’abandonnèrent. Sa lucidité cependant demeura complète
jusqu’à la fin. De sa couche, elle avait la grande consolation d’entendre la
sainte Messe et, chaque matin, Notre-Seigneur venait la fortifier, grâce au
dévouement inaltérable de M. le Chapelain. Et cette douloureuse circonstance,
la délicatesse du Comité de l’Etablissement et spécialement de M. le
« Provedor » fut particulièrement touchante. Après avoir spontanément
réservé à la dépouille mortelle de notre chère Sœur un lieu de sépulture dans
un caveau spécial, il offrit de prendre à sa charge tous les frais des
funérailles et organisa un cortège imposant pour l’accompagner à sa dernière
demeure Ainsi, elle repose au milieu de ceux et celles qu’elle a tant aimés et
servis ici-bas et pour lesquels, nous n’en doutons pas, elle emploiera son
crédit auprès de Dieu.
Que notre chère
Sœur Helène-des-Anges à qui nous adressons nos affectueuses condoléances trouve
dans les exemples si autorisés de sa grand’ tante un stimulant de plus pour
réaliser avec une égale générosité sa sainte vocation.
Je suis tout à
vous, mes bien chères Sœurs, en Jésus, Marie, Joseph.
Sœur MARIE-ZEPHIRINUS, Supérieur
générale.
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Le gérant, C, SAL1NGARDES.