DIAFARABE région de Mopti -Mali
Asso.Franc.
Volontaire du Progrès BP 1721 Bamako
Odile Pradel
-1986
Le Mali fait
partie des pays les plus démunis du monde. Son territoire est grand comme 2
fois la France mais la population y est faible avec environ 5 habitants au km2
(99 hab/km2 en France). L'agriculture est le secteur le plus important des
activités du pays et elle occupe 86% de la population. Mais la mise en culture
des terres et les rendements restent faibles. L'élevage pratiqué de manière
extensive et souvent de forme nomade représente une grande richesse agricole
malgré les sécheresses périodiques qui ravagent le pays au 3/4 désertique. Le
fleuve Niger qui traverse le pays est également une richesse dont profite la
population riveraine.
Diafarabé (arrondissement
dans le cercle de Tésankau et région de Mopti).
Me voici à
Diafarabé depuis déjà un mois. Jusqu'à présent, je m'habitue très bien au pays
et je n'ai pas le temps de m'ennuyer car il y a beauoup de choses à voir. Je
vais vous faire une petite présentation du site qui se trouve à environ 100 kms
de Mopti puis vous parler brièvement des problèmes que j'ai pu percevoir.
Cet
arrondissement situé de part et d'autre du fleuve Niger et de son affluent le
Diaka possède une économie totalement tributaire des crues du fleuve. La crue
survient chaque année en saison des pluies de juin à septembre.
En effet, les
trois principales ethnies présentes sur le terrain ont des activités liées au
Niger :
-les Boyos
sont des pêcheurs. Ils ont connu une forte diminution de leur activité en 1984,
lorsque la crue a été faible
-les peuls
possèdent des troupeaux pour le lait et la viande. Leurs animaux ont été
sous-alimentés quand les pâturages ont souffert de la sécheresse.
-les Rinaibés
cultivent le riz et autres céréales dans les bas-fonds des plaines inondées.
Lorsque la crue est insuffisante, l'eau n'arrive pas jusqu'à la culture.
Pour remédier
à cette dépendance vis à vis des caprices du fleuve, deux partenaires se sont
associés :
-le comité du
salut public (CSP) organisation non gouvernementale malienne crée en 1972 pour
protéger les berges de Diafarabé et qui s'interesse aussi au développement
agricole de la région.
-l'association
française des volontaires du progrès (AFVP) représentée par 2 volontaires sur
le terrain. Ils sont des appuis techniques pour la mise en place des projets.
Il faut aussi
noter le soutien financier du comité français contre la faim (CFCF) qui couvre
les besoins de l'ensemble des activités.
Ces 2 ONG (CSP
et AFVP) prennent ensemble conscience des problèmes de la région, essaient de
trouver d'un commun accord des solutions. De leur collaboration est né
différents objectifs pour 1986, qui touchent aussi bien des villages entiers
que des " petites particuliers".
-aménagement
d'une plaine pour la culture du riz en saison sèche. Il a fallu prévoir uen
irrigation gravitoire avec pompe. Ce périmètre regroupe environ 20 personnes.
-promotion de
puits maraichers consolidés avec des toles de récupération (puits individuels)
-vulgarisation
du maraichage (qui a réussi au moment où les Boyos ont manqué de poissons.
Cette année, ils ont repris pour la plupart des cas leurs activités
traditionnelles).
-aide
finacière et technique pour la construction de puits villageois en ciment après
avoir organisé une formation pour puisatiers.
Toutes ces
activités permettent de motiver la population, de les organiser autour d'un
projet qui n'est pas venu d'en-haut, de les faire dépasser un certain
fatalisme. Ils participent dans tous les cas aux travaux et à une grande partie
des finances.
Cette façon
d'aborder les problèmes me semble très interessante, les gens se sentent
responsables. L'idée que je me faisais du développement dans les pays du
"tiers monde" s'est totalement transformée.
Je pense que
nous, européens, il est indispensable avant d'agir de bien observer et de
comprendre les activités, les structures en place afin de connaître précisément
les besoins réels de la région (besoins financiers entre autre). Par exemple,
je me rends compte qu'un apport finacier mal géré sur Diafarabé pourrait avoir
un effet néfaste. Cela à cause de la démobilisation des efforts déjà en cours,
de la non reproductibilité de cette masse d'argent et des projets grandioses.
Quand on vit
sur place, on comprend plus facilement que la responsabilisation des
populations soit un point absoluement capital à respecter.